Formes animales à l’Université
Le par Georges Favraud
À l’initiative de Hervé Dohin¹, le service des sports de l’Université Toulouse Jean Jaurès et l’association Corps & Dao ont organisé, le dimanche 18 novembre 2018, un stage de pratique et de réflexion, animé par Georges Favraud² :
Les formes animales
dans les techniques chinoises du corps
Un belle occasion de se rencontrer dans la diversité, entre débutants et pratiquants expérimentés dans divers arts martiaux ; étudiants, personnels et enseignants-chercheurs ; jeunes, actifs et retraités…
Les techniques animales étudiées proviennent du daoyin 导引 et de la boxe des cinq formes [animales] (wuxingquan 五形拳, style taoïste de xingyiquan).
Durant la matinée, nous avons expérimenté la forme de l’Ours (xiongxing 熊形).
À partir de la posture de l’arbre (ou zhanzhuang) et de la conscience de la sphère dans laquelle s’insère la dynamique de notre forme corporelle (ce fameux xing 形), nous avons recherché la mobilité du buste et la densité de l’ours.
Nous nous sommes ensuite lancés dans les dandinements que les adeptes du daoyin antique ont identifiés comme caractéristiques de cet animal (Despeux 2004). Une vertu animale qui permet d’appréhender les changements d’appuis et les transferts de poids, mais aussi, en termes cosmologiques chinois, les alternances du « vide / potentiel » (wu 无 ou xu 虛) et du « plein / manifesté » (you 有 ou shi 实), qui concernent aussi bien les motricités physiques, que psychiques et interactionnelles.
Les qualités de l’Ours ont ensuite permis de mettre en place des exercices en duo (de type tuishou) intégrant prise de contact, déplacements et poussées. Tout d’abord sur un mode collaboratif et tranquille, puis en intégrant progressivement de la tonicité, des changements de rythme et de la confrontation constructive, dans une relation toujours continue, détendue et mobile.
En fin de matinée, il s’agissait de revenir aux sensations de la posture de l’arbre, mais en y intégrant les acquis de l’Ours : un corps dense, structuré et dandinant capable de s’apaiser à la rencontre de contacts provenant des quatre directions.
Après l’effort, le réconfort… autour d’une auberge espagnole bien gustative et interactive !
Afin de digérer les plats et les pratiques, une séance de réflexion conviviale et informelle a marqué le début d’après-midi. Georges a présenté quelques éléments historiques sur les pratiques animales dans les arts chinois du mouvement, ainsi que quelques réflexions anthropologiques sur les questions de l’imitation et des relations entre l’humain et l’animal.
La parole a ensuite tourné entre les étudiants, des pratiquants expérimentés de taijiquan, de taekwondo, de lutte gréco-romaine et de kungfu, ainsi que des chercheurs spécialistes des relations homme-animal, du chamanisme amazonien, de la mécanique des fluides et des sciences des activités sportives. L’occasion de croiser quelques perspectives sur la pratique.
L’après-midi a notamment été consacré à la technique du Serpent, très intéressante pour travailler sur les alternances entre détente et jaillissement, à la fois dans la forme et dans l’intention. Mais tout cela est une autre histoire, qui reste à suivre…
Un prochain stage est prévu à l’occasion des fêtes du nouvel an chinois,
L’un des premiers dimanche de février !
Crédits photos : merci à Élodie Larive
¹ – Hervé Dohin est responsable de la lutte, du judo, du taiji-qigong et des sportifs de haut niveau de l’Université Toulouse Jean Jaurès.
² – Georges Favraud est docteur en anthropologie et enseignant des arts chinois du mouvement.